CONCEPTUALISER LA MUSIQUE DITE 'CLASSIQUE'

On fait dire bien souvent aux mots ce qu'on veut. Ainsi si je vous dis 'Let It Be' des Beatles ou 'Satisfaction' des Rolling Stones, chacun conviendra que ces deux chansons sont des classiques de l'histoire de la musique, mais que celles-ci n'appartiendront jamais à l'histoire de la musique classique pour un musicologue.

Délimiter la période relative à la "musique classique" n'est pas aisée. Néanmois, selon les historiens, celle-ci démarrerait avec la Renaissance et comprendrait trois périodes majeures :

• Le baroque (1600-1750) : Bach, Vivaldi...
• Le classique (1750-1800) : Beethoven, Mozart...
• Le romantisme (1800-1900) : Chopin, Schubert...

Ce découpage grossier de la musique occidentale est, en principe, le reflet d'innovations musicales liées généralement à des changements sociétaux et culturels.

Le mot "classique" pourrait aussi se définir par des évolutions intervenues depuis l'Antiquité, ce qui ferait dire que l'emploi du terme "musique classique" est générique... Ce qui est fort pratique pour éviter de faire des comparaisons rapides et injustifiées.

Ceci étant, la suite n'est pas plus claire en nous faisant entrer dans la musique dite "contemporaine" du 20e siècle et sa remise en question du système tonal. Cette période, que certains musicologues définissent comme l'expression d'une "musique savante", pour ne pas dire "élitiste", a fait naître des commentaires de part et d'autre, de plus en plus insistants, visant à séparer la grande musique de la musique populaire.

Or, la musique dite "sérieuse", construite autour de valeurs éducatives qui se veulent rassurantes, se fissure inexorablement depuis que l'instruction – pour ne pas dire les "repères" – a vu lentement ses valeurs se diluer dans les musiques dites "légères". Dès lors, il devient difficile de délimiter une approche conceptuelle de la musique dite "classique" sans offenser l'amateur qui croit dur comme fer que la musique classique s'est arrêté au seuil du 20e siècle !

Élian Jougla (02/2022)